Le premier bénéfice attendu est une extension fréquentielle de l'audibilité. Des sons de hautes fréquences auparavant inaudibles au patient redeviennent immédiatement perceptibles. L'environnement sonore du patient s'en trouve enrichi, plus complet. Par exemple redécouvrir le chant aigu des petits oiseaux lors d'une balade en forêt, ou bien réentendre le carillon de la porte d'entrée. Ces sons aigus peuvent dans certains cas être réellement très importants, comme les bips des scopes de monitoring des malades pour l'infirmière.
Le second bénéfice est qu'avec l'audibilité des hautes fréquences, on peut espérer améliorer - à terme - l'intelligibilité, après rééducation.
Sur les pertes en pente de ski, la privation sensorielle des hautes fréquences - généralement sur plusieurs années - crée une réorganisation corticale par plasticité cérébrale. Il y a donc une plus forte densité neuronale affectée à la zone fréquentielle située autour de la fréquence de coupure de l'audiogramme. Ainsi, la discrimination fréquentielle dans la zone comprimée est possible.
Plus la perte est ancienne, plus l'oubli de l'interprétation des informations de hautes fréquences sera important. Avec la compression fréquentielle, le patient entendra à nouveau ces hautes fréquences, mais elles seront déformées et il devra impérativement se recréer de nouvelles références acoustiques fréquentielles, et les mémoriser, avant d'espérer pouvoir interpréter correctement les phonèmes aigus.
L'amélioration potentielle de l'intelligibilité nécessite un temps de rééducation plus ou moins long, et ne peut qu'être progressive au fur et à mesure du stockage en mémoire des mots de la vie courante passés par le filtre déformant de la compression fréquentielle. Ce temps de rééducation peut prendre de 2 semaines pour un patient jeune, à plus de 2 mois pour un patient plus âgé. Le gain d'intelligibilité n'est donc pas systématique, et dépendra de la largeur de la ZMC (fréquence de coupure de l'audiogramme), de l'âge du patient (plasticité cérébrale), de l'ancienneté de la perte (oubli des sons aigus), et de la volonté du patient à porter le plus possible ses aides auditives.
Ne faites donc jamais une vocale de contrôle juste après la mise en place d'une compression fréquentielle, pour ne pas décourager le patient par un score décevant.