ZOOM Gain critique

Mode de fonctionnement et utilisation
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La mesure de gain critique est une des étapes essentielles à réaliser avant le préréglage, pour assurer au patient la meilleure qualité acoustique et lui garantir les résultats prothétiques. Nous verrons son mode de fonctionnement, les conditions idéales de sa réalisation et son utilisation au bénéfice du patient.

1. Mode de fonctionnement du Gain critique

La mesure de gain critique quantifie les fuites acoustiques entre écouteur et micros. Contrairement à d'autres fabricants, Signia réalise cette mesure avec l'anti-Larsen désactivé. Cela permet de calculer le gain maximum avant activation de l'anti-Larsen. Le résultat de cette mesure s'affiche sous forme de zone de gain critique (zone rosée ou bleutée, dans les aigus). Si la courbe de gain LI50 (gain des sons faibles) touche ou pénètre cette zone, l'anti-Larsen sera alors sollicité en continu pour supprimer le sifflement.

Pour réaliser cette mesure, l'appareil délivre à l'écouteur une bande calibrée de bruit blanc, et mesure l'intensité de ce bruit récupéré aux micros par les fuites acoustiques. Par exemple, si l'écouteur délivre dans le conduit 60 dB de bruit blanc et que les micros en récupèrent 27 dB, le gain critique sera de 33 dB. C'est-à-dire que les fuites acoustiques entre écouteur et micros vont commencer à partir de 33 dB de gain. Le risque de Larsen aussi.

2. Les conditions idéales de sa réalisation

Les micros devant mesurer les fuites acoustiques, dues à l'évent ou à un embout/coque/dôme inadapté, il faut éviter tout bruit parasite dans la pièce qui, capté par les micros, pourrait fausser la mesure et générer un gain critique trop bas. En particulier les bruits qui sont proches du bruit blanc, comme la climatisation, la VMC, le ventilateur etc.

3. Utilisations du gain critique au préréglage

A) L'utilité principale de la mesure du gain critique est la validation du choix d'évent, ou de dôme.

  • Le choix de l'aération est crucial dans les résultats de l'appareillage. Il détermine le bon équilibre entre confort d'écoute et intelligibilité dans le bruit. Agrandir l'évent rend la sonorité plus confortable en début d'appareillage. Le réduire améliore le RSB au tympan, donc l'intelligibilité dans les milieux bruyants. C'est la raison pour laquelle la validation de l'évent par la mesure du gain critique est si importante dans le processus du préréglage.
  • Augmenter l'évent fait descendre la zone de gain critique, et le système constitué par la chaîne micros–ampli–écouteur devient progressivement instable acoustiquement [Fig. 1]. Cette instabilité acoustique se manifeste par des pics et des creux de résonance dans les aigus, sur la courbe de sortie.
  • Plus la zone de gain critique se rapproche des courbes de gain plus l'instabilité augmente, les creux deviennent plus profonds et les pics plus saillants.
    Quand la zone de gain critique descend de trop, jusqu'à toucher le gain des sons faibles, la boucle externe du Larsen se referme et l'algorithme anti-Larsen s'active pour éviter le sifflement. Bien-sûr, si l'anti-Larsen a été désactivé, le pic le plus élevé génère un Larsen audible [Fig. 1, courbe en pointillé rouge].
  • Les pics de résonance dus à l'instabilité acoustique rendent la sonorité désagréable, métallique. L'anti-Larsen supprime le pic de Larsen mais il ne supprime pas la forte instabilité acoustique, et la sonorité métallique demeure.
  • La solution pour garantir une qualité acoustique naturelle est d'écarter la zone de gain critique du gain des sons faibles. Un écart ≥5 dB évite l'instabilité acoustique de la courbe de sortie, et la résonance métallique associée. Quand le gain critique mesuré est trop bas, trop proche du gain LI50, réduire les fuites acoustiques entre écouteur et micros fait remonter le gain critique. Cette mesure permet donc de valider le choix du dôme ou de l'évent.

B) Vérifier que le gain critique soit écarté de plus de 5 dB du gain LI50, et si utile ajuster l'aération pour cela, présente d'autres avantages pour le patient.

  • La réduction de la consommation. En effet, l'anti-Larsen, algorithme très énergivore, est le 2ème poste de consommation juste après le streaming audio en Bluetooth. Et il sera sollicité en continu dès que le gain LI50 touche la zone de gain critique, réduisant drastiquement l'autonomie de la pile ou de la batterie. En revanche, avec un gain critique écarté du gain LI50, l'anti-Larsen ne sera sollicité que de façon ponctuelle, sporadique, et l'autonomie nominale sera préservée.
  • L'amélioration de l'intelligibilité dans le bruit. Le bruit arrivant au tympan passe par l'appareil (donc réduit par les débruiteurs et directivités), mais aussi par l'évent (càd non traité, non réduit). Réduire l'évent, c'est mieux isoler le patient du bruit extérieur et préserver l'efficacité des algorithmes de traitement du signal. En évaluant les fuites acoustiques, la mesure du gain critique donne une indication réaliste de l'aération, en particulier lors d'une adaptation en dôme pour tenter de mieux préserver le RSB donc l'intelligibilité dans le bruit.
  • Une meilleure qualité acoustique. Une meilleure rétention des fréquences graves dans le CAE grâce à un gain critique suffisamment élevé, offrira au patient une balance sonore graves/aigus plus équilibrée, donc une tonalité plus douce, plus agréable. D'autre part vous pourrez utiliser le réglage "Min" de l'anti-Larsen, qui offre une qualité sonore dans les aigus supérieure au réglage "Max". Ce réglage "Min" est particulièrement utile pour les patients mélomanes et/ou musiciens. Enfin, une réduction de l'évent réduit le risque d'interférences destructrices, ou effet de peigne [Fig. 2a & 2b], qui se produit quand un même signal passé par l'évent et par l'appareil se retrouvent dans le conduit à intensité équivalente. En résumé, le patient bénéficiera d'une meilleure qualité sonore.
  • Un gain HF suffisant pour les consonnes. Les consonnes, aiguës et de faible intensité, nécessitent un gain LI50 relativement élevé pour être suffisamment audibles, et garantir ainsi l'intelligibilité. Selon la formule de préréglage choisie, le calcul du gain des aigus ne suit pas la même logique.

Formule SigniaFit : le gain critique modifie les cibles, dans le but d'assurer le confort d'écoute et la qualité acoustique.

Si le gain critique est bas, la cible dans les aigus sera réduite afin d'éviter que le gain n'entre dans la zone de gain critique. Il est donc nécessaire de mesurer le gain critique, afin qu'il soit pris en compte par le préréglage pour le calcul du gain aigu. En effet :
  • Vous  améliorerez la qualité acoustique si le gain critique mesuré est inférieur au gain critique statistique, en évitant l'instabilité acoustique des aigus. 
  • Vous améliorerez l'intelligibilité si le gain critique mesuré est supérieur au gain critique statistique, car le préréglage proposera plus de gain aigu.

Cependant, le fait que la cible s'ajuste au gain critique pourrait laisser penser que l'adaptation est bonne puisque les gains sont calés sur les cibles, et ce, même si le gain critique est très bas ! [Fig.3]. Il convient donc d'être vigilant sur ce point et bien choisir son aération (Cf. Zoom "Les paramètres acoustiques").
 
  • Formules NAL ou DSL : le gain critique n'influe pas sur les cibles, dans le but d'assurer l'intelligibilité.
    Si le gain critique descend trop bas et passe sous la cible LI50, Connexx par défaut limite le gain afin qu'il reste en dessous du gain critique [Fig. 4a] (ce qui limitera également l'intelligibilité). Bien qu'il soit possible de décocher la case "Limiter le gain pour la courbe de gain critique individuelle" [Fig. 4b] pour améliorer l'intelligibilité, il est cependant nettement préférable de remonter le gain critique par une réduction des fuites acoustiques [Fig. 4c] pour préserver la bonne intelligibilité tout en améliorant la qualité acoustique et l'autonomie.

4. Utilisation du gain critique lors d'une visite de suivi

Lors des différentes visites de suivi, vous pouvez inclure la mesure du gain critique dans votre routine. Elle vous donnera des indications utiles si le nouveau gain critique diffère du gain critique original.

a) La zone du nouveau gain critique est remontée par rapport à l'originale.

Il y a par conséquent moins de signal en provenance de l'écouteur qui soit capté par le microphone.

Trois raisons possibles : l'évent est peut-être bouché, ou l'écouteur encombré, ou encore les micros encrassés. Vous pourrez alors vérifier, nettoyer ou remplacer.

b) La zone du nouveau gain critique est descendue par rapport à l'originale.

Cela signifie que les fuites acoustiques entre écouteur et micros sont devenues plus importantes qu'à l'origine.

Un bouchon de cérumen réfléchissant les aigus vers l'extérieur peut-être une cause assez fréquente, pensez à vérifier.

Un dôme fermé trop vieux, dont le silicone a perdu de sa souplesse, ne s'adapte plus aux mouvements du conduit et favorise les fuites acoustiques.

  • Sur une perte légère à moyenne : tant qu'il reste au moins 5 dB d'écart entre le gain critique et le gain LI50, il n'est rien besoin de faire.
    En appareillage intra, on pourra suspecter un tassement des cartilages du conduit. Pour le confirmer bouchez provisoirement l'évent avec de la pâte à empreinte et refaites la mesure. Si le gain critique ne remonte pas complètement c'est qu'il y a bien des fuites autour de la coque, qui sera donc à refaire. 
    Plus rarement, il est aussi possible d'avoir une fuite acoustique dans la coque de l'intra. En effet, la suspension écouteur durcit en vieillissant et la vibration de l'écouteur peut être transmise au micro par la coque. Pour vérifier, refaites une mesure de gain critique en tenant la sortie écouteur de l'intra bouchée avec le doigt. Si une zone de gain critique apparait sous la zone de gain max, alors il y a du Larsen interne et il faudra faire réviser l'appareil.
  • Sur une perte sévère à profonde : la pression de l'embout sur sa paroi a probablement élargi le conduit. Une nouvelle empreinte vous permettra de le confirmer.
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